Trois clowns, une blouse blanche, du carton, quelques vinyles, une voix calme et profonde qui murmure des paroles intimes : tel est le dispositif que nous avons choisi pour parler de l’irruption d’une maladie telle que la Sclérose en plaques dans la vie de l’un d’entre nous. Un plateau vide qui laisse toute la place aux clowns pour aborder avec poésie et décalage le vertige d’une telle rencontre, ses secousses, ses énigmes, mais aussi ses invitations à se dé-scléroser, c’est-à-dire à se laisser transformer par la découverte de nouveaux rapports à nous-même, nos proches, notre société.

Le clown s’est imposé comme outil de prédilection pour cette création. Par sa naïveté, son audace, sa force d’aveu des émotions et sa capacité de dérision, il nous permet de partager l’intime en évitant le témoignage. Expert du trébuchement par excellence, il fait de la sidération face aux situations banales comme extrêmes un art qui re-questionne, par le sensible, ce qui fonde l’expérience d’être vivant… et alors, il nous revitalise !

Créé à partir des « carnets de voyage » de Carlos Bustamante qu’il a tenus durant ses premières années de maladie et qui sont devenus le livre Parasismique, le spectacle questionne la fragilité universelle de tout être humain et pose un regard décalé, tendre et drôle, sur ce qu’il peut créer à partir de ses limites comme de ses ressources. Ce faisant, il abrite un geste qui anime désormais l’ensemble de notre démarche : le passage de l’ultra-singulier au collectif pour penser nos tâtonnements face aux transformations majeures que la vie nous impose.